jeudi 4 octobre 2012



"Making reading sexy". Rendre la lecture sexy. C’est le programme de ces jeunes femmes regroupées à New York au sein d’une association de lectrices aux seins nus, The Outdoor Co-ed Topless Pulp Fiction Appreciation Society. Leur dada : le roman à sensation, genre San Antonio si nous étions ici, arborant souvent des couvertures révélant des femmes en partie dévêtues. Leur défi : lire dans les parcs, sur les toits, à la terrasse d’un café, quand il pleut, quand il fait froid, quand il fait beau aussi (le coup de soleil mammaire, un problème pas assez reconnu). Récemment, elles sont quelques-unes à avoir lu topless sur un stand de foire d’édition d'art alternative, the New York Art Book Fair, à la demande de l’artiste Richard Prince, gourmand de leur performance immobile (rompant pour la gloire avec leur dogme, puisque les voilà indoor). Sur leur blog, les images de leur rendez-vous à bouquiner tétons vaillants. Quelques commentaires, désertiques. Le visuel, puisque c’est ce dont il s'agit, évoque le groupe activiste FEMEN, ces femmes qui protestent et portent banderoles poitrine apparente, sauf que là, rien de revendicatif, rien de politique, rien de féministe, rien de littéraire non plus. Un peu comme un club d’amateurs de cigares, de porteurs de moustache, de détenteurs de voitures anciennes qui se rassembleraient simplement pour le plaisir de leur dénominateur commun. Bon, d’accord. 
On pourrait imaginer bien d’autres explorations sexy : rendre la pause sandwich sexy, rendre le retrait d'un vélo à une borne sexy, rendre la décoration du sapin de Noël sexy… Waouh, tous ces possibles, l’évanouissement des transgressions, un monde de liberté et d’aisance dans la région des aisselles.
Et rendre l'écriture sexy, hein ? Mais écrire, c’est avoir toujours tort, tient-on de l’auteur Philip Roth. C’est trousser la mauvaise phrase et devoir y revenir, avoir le mauvais mot et s’y remettre encore. Une frustration perpétuelle. Non, vraiment, écrire n’est pas sexy. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire