Nous y voilà. Dans
la zone mordorée et hypercholestérolémique : Noël. Un mois de compte à rebours à
l’abri d’un Nordmann docile, dont les aiguilles tomberont juste après les
réjouissances. Au pied duquel, peut-être, un dernier cadeau volumineux
attendra l’enfant. Sous la peau de papier festive, le jouet apparaît : la façade d’une bicoque en bois faite de serrures à ouvrir ou à fermer, c’est tout. Des cadenas, des fermetures, des chaînes de sécurité, du métal qui jaillit de partout. Bien sûr, un enjeu
éducatif a motivé le choix. « Stimuler la motricité fine et la
concentration. » Drôle de voie. Car à moins de vouloir faire
de sa progéniture un futur membre du personnel pénitentiaire, un paranoïaque claquemuré, un amateur
de pratiques fétichistes, pourquoi renforcer son goût des verrous ?
L’enfant aime passionnément ouvrir ou fermer les portes. Mais
est-ce vraiment cette manipulation qui lui plaît ou le fait d’avoir, grâce au
cliquetis des clés et par l’entremise du trou de la serrure, accès au royaume
des adultes ? Le pouvoir de délimiter par lui-même le privé du public, de
savoir où commence un territoire ? Cette joie de décider, enfin, de quel côté de
la paroi se tenir, comme celle de laisser hors de vue, l’espace d’un
instant, ce grand machin qui ne cesse de vouloir être là, partout, toujours,
avec lui, le parent ? Spéculations non expertes, mais en tout cas l’objet intrigue.
("Maison à serrures" vue dans les pages shopping Noël du supplément
Version Femina du Journal du Dimanche, le 25 novembre)
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