mercredi 28 novembre 2012


La Maison à serrures, c'était moi ! 
Malgré tout, et boudant le yoga, 
 Ignorant l'art du Pranayama,
Face aux verrous, ne capitulant pas.
Close comme une maison 
que seul le doute habitera. 

(la clé ci-dessus ouvre sur son propre corps, si je peux dire. Il s'agit en fait d'une prise dans un mur de yoga, et dans l'anneau en fer, sont glissées les sangles qui serviront à harnacher la jambe, le buste ou le bras. Un hôtel parisien dispose désormais de ce type de service en chambre. Il n'est pas précisé si le maître yogi s'appelle Nobuyoshi). 

lundi 26 novembre 2012

Nous y voilà. Dans la zone mordorée et hypercholestérolémique : Noël. Un mois de compte à rebours à l’abri d’un Nordmann docile, dont les aiguilles tomberont juste après les réjouissances. Au pied duquel, peut-être, un dernier cadeau volumineux attendra l’enfant. Sous la peau de papier festive, le jouet apparaît : la façade d’une bicoque en bois faite de serrures à ouvrir ou à fermer, c’est tout. Des cadenas, des fermetures, des chaînes de sécurité, du métal qui jaillit de partout. Bien sûr, un enjeu éducatif a motivé le choix. « Stimuler la motricité fine et la concentration. » Drôle de voie. Car à moins de vouloir faire de sa progéniture un futur membre du personnel pénitentiaire, un paranoïaque claquemuré, un amateur de pratiques fétichistes, pourquoi renforcer son goût des verrous ? L’enfant aime passionnément ouvrir ou fermer les portes. Mais est-ce vraiment cette manipulation qui lui plaît ou le fait d’avoir, grâce au cliquetis des clés et par l’entremise du trou de la serrure, accès au royaume des adultes ? Le pouvoir de délimiter par lui-même le privé du public, de savoir où commence un territoire ? Cette joie de décider, enfin, de quel côté de la paroi se tenir, comme celle de laisser hors de vue, l’espace d’un instant, ce grand machin qui ne cesse de vouloir être là, partout, toujours, avec lui, le parent ? Spéculations non expertes, mais en tout cas l’objet intrigue.
 
("Maison à serrures" vue dans les pages shopping Noël du supplément 
Version Femina du Journal du Dimanche, le 25 novembre)

dimanche 25 novembre 2012


Qu'est-ce qui ne va pas en ce moment ? 
Vous voulez peut-être qu'on en parle ? 

jeudi 22 novembre 2012


Il m'aura donc fallu attendre cette centième élucubration prétexte à fiesta, finissant par engloutir seule au petit matin, accoudée en Balmain, trop de boissons iridescentes et de breuvages irisés, pour comprendre une seule et unique chose : ce que veut vraiment dire avoir la gueule de bois. Rien à voir avec le fait de se réveiller la bouche sèche comme une bûche — qui, soit dit en passant, est toujours trop humide au moment d'allumer un feu, stoppant là la flamme métaphorique — ou pâteuse comme une pâte à bois — mais ceci est une version non homologuée, alors passons aussi —. Non. Comme on peut lire une coupe de bois à cœur ouvert, qui nous dira son âge, son nom, ses vérités, ses maladies, le visage du buveur possède lui aussi l'éclat de l'aveu. Il éructe des copeaux de réalité ; de lui s'échappe une sciure qui s'insinue partout, fait éternuer ses proches, frotter les yeux de ceux qui l'entourent et qui pourtant croyaient le connaître. Et puis, il ne cesse de débiter, c'est plus fort que lui, des morceaux dont tous se demandent quoi faire : une cagette, peut-être, pour l'aider à porter son propre fardeau. Une caisse, pour ses futures bouteilles. Une cale, enfin, qu'on oubliera dans un coin.
La gueule qui a bu et le bois abattu partagent la même dégaine d'empreinte digitale. Le même air de celui qui ne peut nier, que tout confond avec lui-même. Comme l'arbre qui cache la forêt, le dernier verre n'est jamais que le pénultième. Et le buveur, coupable ès coupes, remet à chaque gorgée sa tête sur le billot. Dégrisé un jour, promis au bûcher le lendemain. 

mercredi 21 novembre 2012


Je vous attends nombreux 
pour fêter mon 100e message en ligne ! 
Venez avec un petit quelque chose à grignoter 
ou simplement avec votre bonne humeur !
(dress code : que du Balmain) 

lundi 19 novembre 2012


La couverture du Vogue spécial Collections Printemps-Été 2013, qui sort demain en kiosque, me rappelle un de mes engouements stylistiques pour le motif de la bande dans le vestiaire féminin, dont j'avais parlé ici, lors des semaines de la mode. Alors j'en profite pour actualiser ma production, reprenant sans grand génie de direction artistique mon assemblage et l'augmentant d'un titre opportuniste. Inaugurant par la même occasion une sorte d'onanisme en ligne, puisque je m'autocite avec délectation. 


dimanche 18 novembre 2012

J'ai vécu un moment total aujourd’hui, à 16h30 très précisément, je peux le dire sans sourciller. Venue visiter « The Museum of Everything »,  au 14 boulevard Raspail, passait devant moi un cortège réunissant des manifestants contre « Le mariage pour tous ». L’espace d’un instant, alors que se produisait cette collision de tous ces "Tout", je suis moi-même devenue une entité omnipotente et omnisciente. J’étais les genres et les sexualités, j’étais saine folle, j’étais vieille en poussette, j’étais réactionnaire femen, j’étais possédée éclairée, j’étais policier manifestant, j’étais banderole fumigène, j'étais mépris et don, j'étais liberté encartée, j'étais rires larmes, j'étais aquarelle crachat. Un tout bordélique m’a envahi, puis s’en est allé, comme un rien. Alors, l'art a bien voulu de moi. 

vendredi 16 novembre 2012


Paris Photo : cliché, quand tu nous tiens. 
Je propose pour l'édition future une signalétique spécifique à laquelle je donnerai le nom suivant : Les coups de gueule d’un visiteur lambda. Elle viserait à pointer du doigt les travaux les plus merdiques repérés par un œil qui n’a ni à promouvoir son actualité, ni à polir sa notoriété, et dont l’intervention ne légitimera l’image d’aucune institution. Il se réservera le droit de faire un choix tissé d’indigences, de scandales visuels, de vrais drames pour la création photographique ; autant de verrues qui ça et là, ne manqueront pas de saillir entre les travées A et E. Une sélection abominable à rassembler dans un livre doré sur tranche, si un éditeur kamikaze en acceptait toutefois la publication. On sort, paraît-il, grandi de ses échecs ; on peut bien apprendre des mauvaises photographies. Et justifier sa réticence peut s'avérer un exercice délicat. 

jeudi 15 novembre 2012


Paris Photo, sous la verrière du Grand Palais. 
Cette année, David Lynch est invité à dire ses préférences et dans les allées, chaque image élue de lui est gratifiée d'un petit panneau noir, où figure la mention manuscrite Vu par David Lynch d'un blanc lumineux très chic. Un cartel bien trop présent et qui ne cesse de divertir l'œil. Son goût mis en avant, le nôtre peut bien descendre à la cave. On aimerait tellement que des créateurs influents se rebellent face à ce genre d'opération Coups de cœur d'une personnalité d'exception émanant des instances organisatrices et communicantes. Entendre Werner Herzog asséner un "Allez vous faire foutre avec vos idées grotesques", Jean-Louis Trintignant couper court par un "Plutôt mourir que d'ouvrir ainsi ma rétine", ou Manoel de Oliveira rétorquer d'un "C'est ridicule et puis j'ai autre chose à faire, je tourne un film." 

mardi 13 novembre 2012

SPÉCIALES DEDICACES :

Les couvertures des variations philosophiques sur la gentillesse d'Emmanuel Jaffelin, aux éditions Bourin, ont souffert de vandalisme dans les replis de ma bibliothèque, alors que je me faisais une joie de feuilleter à nouveau ces ouvrages, en l'honneur de cette journée dédiée. Monde cruel. 

dimanche 11 novembre 2012


La paix a peut-être une homonymie malheureuse
Et la mort l'ironie d'une étreinte.
Mais à l'heure du cessez-le-feu, 
C'est bien le nom d'un cocktail qu'on entend.
Apprécié des poilus dans la tranchée d'un club, 
scotch brandy vermouth et limonade, 
Avant la grande guerre des taxis en pleine nuit fériée.  

mercredi 7 novembre 2012


Je trouve un terrain d'entente à ces deux photos. Une même distance plaisante du sujet face au saugrenu. Et pourtant, hélas, plus qu'un océan les sépare. L'une a été réalisée à une époque où l'introduction dans le vocabulaire commun de la dénomination "coach de vie" était en cours. J'en frémis.  


Collaboratrice d'Alfred Keller, créateur de modèles d'insectes agrandis dans les années 50, visibles au Musée d'Histoire Naturelle de Berlin. 
Le compositeur John Cage, le jour de ses 80 ans, aux États-Unis, en 1992 (photo : steven speliotis).

lundi 5 novembre 2012

Alors que certains ont les yeux rivés sur les États-Unis d'Amérique, pour ma part, je brûle de savoir qui a remporté le Mondial de la Pizza, qui s'est tenu à Disneyland Paris, hier et aujourd'hui, dans la salle du Dôme. Un hommage à la calzone ? J'en doute, car elle n'apparait pas dans les catégories puristes du concours. Ouvert à toutes les pizzaïolas et à tous les pizzaïolos de toutes les nationalités, les compétiteurs en tenue de circonstance sont jugés sur la conception, la présentation, l'hygiène et le goût de préparations à base de pâton : la Classica (ronde, 29 cm de diamètre minimum), la Teglia (plaque de 60cm x 40cm, une spécialité romaine), la Large (où comment réaliser le disque de pâte le plus grand possible avec une unité de 500 gr), sans oublier la pizza de Demain (le fleuron de l'innovation), le Free Style individuel (oui, il existe une discipline appelée Pizza acrobatique, dans laquelle un véritable athlète de la pâte enchaîne des figures, qui, pour l'occasion, seront liées à des musiques de films de Disney ou de Mickael Jackson), et enfin la Rapidité (qui consiste à étaler le mieux possible quatre pâtons en un temps record). 
J'ai un regret : la pizza dessert est strictement interdite. Alors, je me console avec cette citation de Thierry Graffagnino, Président de la Fédération des Pizzaïolos de France : " La pizza est un art. C'est la rencontre de l'artiste avec son œuvre.Tout comme la toile, elle n'est jamais arrêtée. La pizza trouve donc son excellence dans la créativité par la recherche perpétuelle d'innovation." 
Que le meilleur gagne. 

dimanche 4 novembre 2012


Polaroid trouvé côté cul des camions d'une brocante/vide-grenier, 
en voulant échapper à la foule et aux étalages. 
Le pas de côté qui fait de ce dimanche un moment lumineux. 

vendredi 2 novembre 2012

Un homme s'attable à ma gauche, il est seul et visiblement c'est un habitué, car le serveur anticipe sa commande par une interrogation de routine : "Un café ?".
L'homme possède deux téléphones qu'il met l'un sur l'autre. Une habitude fréquente, me semble-t-il, chez ceux qui en ont deux. 
L'un rejoint bientôt son oreille, et je l'entends déclarer : "Ces discussions de frigidaire ne m'intéressent pas, pour la énième fois." 
Il ne restera pas longtemps, visiblement agacé, laissant un espresso à peine avalé.
À ma droite, deux femmes, présentes avant mon arrivée et qui seront là après mon départ, ont peu à peu un échange qui prend la forme d'une confidence. L'une évoque sa quête de l'amour, puis son anorexie adolescente, ses troubles alimentaires liés à d'autres traumatismes, son diagnostic précoce d'anosmie, sa vie et sa relation à la nourriture avec un odorat défaillant, à celle qui l'accompagne et semble tout apprendre de ce parcours personnel. 
Alors commence ma métamorphose en bac à légumes.