dimanche 24 mars 2013


Passer un week-end de ski à La Clusaz et rien qu'en formant cette phrase, sentir qu'on pourrait pulvériser son score au Scrabble. Assister, face à la montagne, à un jeu de société aux règles obscures. Ne pas parvenir à faire coïncider le plaisir de la glisse, la liberté du mouvement avec les silhouettes empesées, les pieds de plastique et d'acier, les longs bras articulés. Ne plus voir ni les corps ni les visages derrière toutes ces couches d'équipement et se dire que cela est suspect, que cela cache quelque chose : par exemple, des spécimens d'enfants tatoués. Être ici comme dans un hôtel où seraient descendus tous les participants d'un congrès scientifique pointu, bourré d'experts parlant la même langue, la nôtre, pourtant soudainement étrangère. Écouter les conversations autour du saut, de la figure et de son corollaire, la chute. Ne jamais apercevoir, surgi d'une combinaison multi-poches, un livre. Blanchir son temps. Dévaler la pente. Profiter de son forfait. 

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