...
Et je tombe sur cette phrase, venue d'un compte Twitter :
"We live in an era where people announce the anniversary of their blogs." Rob Simons (tweet du 18 mai 2013)
Je décide de la relire, croyant la décontaminer, la neutraliser, en l'approchant en français : "Nous vivons dans une époque où les gens annoncent l'anniversaire de leurs blogs".
Un vent du Nord s'abat sur moi. J'ai fait ça. Je participe à ça. La seule chose qui vient à mon esprit alors ? Me dire que c'est un peu comme si j'avais délivré l'information suivante : "Je suis heureuse de célébrer devant vous aujourd'hui ma nième masturbation".
Et puis, presque simultanément, je découvre ceci sur un blog :
"Voici donc la deux millième page de L'Autofictif. La formule est aujourd'hui un peu usée et j'ai résolu de lui substituer dès la rentrée trois motets quotidiens dédiés à la Vierge Marie." Éric Chevillard (vendredi 16 août 2013).
Je décide de ne pas traduire en anglais cette belle affirmation et je décide aussi de ne pas bouder mon plaisir. Je vais continuer à aimer faire ça.
vendredi 30 août 2013
mercredi 28 août 2013
L'herbe est toujours plus verte ailleurs
Cette expression me revient, alors que j'ai le plus grand mal à tourner le dos à la mer pour revenir au clapotis qu'on appelle quotidien. Pourtant quelle drôle d'idée ce fantasme de gazon. Elle porte avec elle tout un imaginaire de végétation domptée, de voisinage, de tondeuse, de dimanche, d'inexorable choix de vie. Non, je ne veux pas mettre mon salon de jardin sur une pelouse mieux entretenue.
Son origine est floue. Agricole ? Sexuelle ? Post-industrielle ?
Se satisfaire de ce qu'on a, cultiver son jardin, s'occuper de ses oignons, arroser ses plantes, planter sa graine. Je ne m'y retrouve pas.
Le ciel est toujours plus bleu ailleurs.
Là, oui. J'envie sans retenue cette immensité-là.
dimanche 25 août 2013
jeudi 22 août 2013
Retour
Une sucette sur le toit
plus rien dans les placards
un petit tas de grains
pas de fleurs dans la vase
l'air de pas y toucher
la lumière bigorneau
rentre dans sa coquille
mais l'ampoule a grillé
il faut s'acclimater
faire sa mue digérer
attendre le rayon
et compter les arêtes
compter et recompter
pour ne pas oublier
mais oublier quand même
et égrener le tas.
Une sucette sur le toit
plus rien dans les placards
un petit tas de grains
pas de fleurs dans la vase
l'air de pas y toucher
la lumière bigorneau
rentre dans sa coquille
mais l'ampoule a grillé
il faut s'acclimater
faire sa mue digérer
attendre le rayon
et compter les arêtes
compter et recompter
pour ne pas oublier
mais oublier quand même
et égrener le tas.
mercredi 21 août 2013
La peau, en général, est une andouille.
La peau du palais, elle, sait quand elle n'aime pas. Si ça brûle, si c'est amer ou trop salé, elle n'y revient pas.
Et la peau des pieds. Elle rechigne si c'est trop petit, trop serré. Elle ampoule, elle plaie, elle dit ça va pas.
Quant à la peau du doigt. Elle ne se laisse pas passer la bague comme ça, la peau du doigt. Il lui faut des manières. Des préliminaires.
Et la peau de la cheville. La marque de la chaîne que des ancêtres ont peut-être portée, plus aucune malléole n'est prête à l'accepter. Elle s'en souvient comme si c'était hier.
Mais la peau en général. Elle se laisse faire. Elle ne voit pas venir. Chaque année, elle se laisse malmener par le même soleil, à croire qu'elle aime ça. Elle tourne rouge, vire au brun, avant de se répandre, ensuite, en petites larmes blanches et friables.
D'autres raisons expliqueraient-elles son amnésie volontaire, son laisser-aller ? Le goût de la surprise, peut-être. De la surprise émanant toujours de la même source, venant toujours du même endroit. Il faut peut-être l'écouter, apprendre d'elle, alors, de sa capacité à revisiter comme si c'était la première fois ce qu'elle connaît déjà. S'agirait-il, en fait, de larmes de bonheur ?
Chapeau, la peau en général.
mardi 20 août 2013
Et divaguer...
- Le grand large, antidote à l'étroit.
- Le string de bain et l'algue marine ne cohabitent pas bien.
- Après la côte : la descente.
- Lorsque la mer tu humes, adieu l'amertume.
- Le sable, chapelure corporelle, cherche délicieuse viande d'été.
- Faire la planche dans la Manche le dimanche : rien de moins.
- Méditer une année en Méditerranée : quoi de mieux.
- Son visage : un masque, un tuba, des éphélides.
dimanche 18 août 2013
Qui est donc le surveillant de baignade ? Cet homme qui ose dominer le niveau zéro de la mer ? Ce nageur assis ? Ce contemplatif musculeux ? Ce rouge sur fond bleu ? Il siffle un air strident quand l'eau entre dans les poumons de l'un. Son corps fonce droit quand les membres de l'autre gesticulent en tous sens.
Il maîtrise si bien l'art des contraires que son renfort serait le bienvenu dans le grand bain de la ville, quand la plage se vide et que les cœurs pâlissent à nouveau. Mais voilà. Il n'est plus là. Il s'est retiré comme la mer. A disparu. Où donc ? Personne ne peut le dire. Personne ne sollicite son retour cependant. Quel gâchis que de se priver de ses talents ! Quelle grave erreur d'appréciation ! Je le sais. Car le sable a parlé. La roche a murmuré des sons clairs. Lui ne le dira pas, mais il possède un don : celui de voir à chaque coin de rue, au détour d'une avenue, les noyés pulluler, et lui seul connaît le nom de ce choc thermique que chaque être humain éprouve au contact de l'environnement urbain. Il entend leur appel au secours, il sait qu'un sac à main n'a pas la flottaison d'une bouée, mais il ne peut rien. Cette connaissance est trop mordante. Elle envahit tout. Il ne peut pas s'en faire une alliée.
Je cherche, depuis cette révélation, l'homme de la situation dans les piscines de quartier. Celui qu'on appelle le maître-nageur. Mais son œil est chloré. Son savoir, impuissant. Je cherche encore. Inlassablement.
vendredi 16 août 2013
Je nage
Les phrases s'émiettent-elles comme la chair des crabes ?
Les pensées se dérobent-elles après avoir été rouleaux ?
Les idées écument-elles le bord des pages ?
Les élans se déplacent-ils en bancs ?
Les désirs sont-ils recouverts d'écailles ?
Les espoirs finissent-ils dans l'eau bouillante ?
Les envies sont-elles bien fraîches ?
Les projets abordent-ils jamais les côtes ?
Les possibles ne visitent-ils que les grands fonds ?
Les humeurs sont-elles transparentes ? Salées ? Poissonneuses ?
Les sensations se lèvent-elles comme des filets ?
Et les satanées moules, s'accrochent-elles toujours au rocher ?
Je ne sais pas.
Je nage en plein dedans.
Les phrases s'émiettent-elles comme la chair des crabes ?
Les pensées se dérobent-elles après avoir été rouleaux ?
Les idées écument-elles le bord des pages ?
Les élans se déplacent-ils en bancs ?
Les désirs sont-ils recouverts d'écailles ?
Les espoirs finissent-ils dans l'eau bouillante ?
Les envies sont-elles bien fraîches ?
Les projets abordent-ils jamais les côtes ?
Les possibles ne visitent-ils que les grands fonds ?
Les humeurs sont-elles transparentes ? Salées ? Poissonneuses ?
Les sensations se lèvent-elles comme des filets ?
Et les satanées moules, s'accrochent-elles toujours au rocher ?
Je ne sais pas.
Je nage en plein dedans.
mercredi 14 août 2013
vendredi 9 août 2013
mercredi 7 août 2013
La visiter
On ne peut pas parler de Venise. Très vite, les clichés débordent, c'est l'acqua alta.
Je préconise alors le silence, et conseillerais simplement, si jamais, un jour, mon avis avait la prétention d'intéresser quelqu'un, d'emporter, au lieu d'un guide, les deux ouvrages suivants :
- Remets ton slip, gondolier, San Antonio (Fleuve noir, 1976, 256 p.).
- Description de San Marco, Michel Butor (Gallimard, 1963, 116 p.).
Une manière d'anticiper cette expérience peu commune que je nommerais "Le grand écart vénitien", si jamais, un jour, le toupet me prenait de créer clés en main des expressions dont personne n'a besoin. Cet écart existe, aussi sûrement qu'il relie deux choses entre elles, à jamais, pour toujours. Cet écart est un pont invisible qui fait se rejoindre le vulgum pecus et la hauteur de vue au cœur de la cité. Impossible de dissocier tout ça, il faut tout prendre, on ne négocie pas. La glace qui coule le long des doigts, maculant au passage l'appareil photo en bandoulière, finit sa course sur le chemin qu'il faut suivre pour parvenir à l'esprit, au marbre, au pigment et au raffinement. C'est ainsi. Ne luttez pas. Cette ville concerne tout le monde, en élevant chacun et c'est peut-être aussi la définition de l'amour, qui lui va si bien.
On ne peut pas parler de Venise. Très vite, les clichés débordent, c'est l'acqua alta.
Je préconise alors le silence, et conseillerais simplement, si jamais, un jour, mon avis avait la prétention d'intéresser quelqu'un, d'emporter, au lieu d'un guide, les deux ouvrages suivants :
- Remets ton slip, gondolier, San Antonio (Fleuve noir, 1976, 256 p.).
- Description de San Marco, Michel Butor (Gallimard, 1963, 116 p.).
Une manière d'anticiper cette expérience peu commune que je nommerais "Le grand écart vénitien", si jamais, un jour, le toupet me prenait de créer clés en main des expressions dont personne n'a besoin. Cet écart existe, aussi sûrement qu'il relie deux choses entre elles, à jamais, pour toujours. Cet écart est un pont invisible qui fait se rejoindre le vulgum pecus et la hauteur de vue au cœur de la cité. Impossible de dissocier tout ça, il faut tout prendre, on ne négocie pas. La glace qui coule le long des doigts, maculant au passage l'appareil photo en bandoulière, finit sa course sur le chemin qu'il faut suivre pour parvenir à l'esprit, au marbre, au pigment et au raffinement. C'est ainsi. Ne luttez pas. Cette ville concerne tout le monde, en élevant chacun et c'est peut-être aussi la définition de l'amour, qui lui va si bien.
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