mercredi 30 janvier 2013

mardi 29 janvier 2013

2/2. Le papier prend sa revanche 


Le papier avait alors décidé de faire entendre sa voix. De ne plus se contenter d'être le chauffeur de la pensée de Madame (ou de Monsieur, mais Madame sonne mieux). Comme le micro, il avait pour ambition de révéler. Après tout, chaque recto, chaque verso, chaque feuillet était bien maculé d'empreintes inaliénables constituant les preuves irréfutables d'une identité. Noir sur blanc. Le micro, même le plus innovant, n'avait pas le monopole de la vérité et la ramette était aussi photogénique que la bonnette. Il suffisait d'établir un fichier réunissant les possesseurs des doigts ayant eu un lien avec des documents A4 jugés dignes d'intérêt pour enfin mettre la main sur les véritables responsables. Ce travail d'investigation commencerait dès aujourd'hui à l'Assemblée, face à la pile d'amendements déposés à l'actuel projet de loi. On ne pourrait dès lors plus dire : mais qui a bien pu écrire ça ? On le saurait. 

lundi 28 janvier 2013

1/2 Le micro y croit 



Enfin. Une nouvelle génération de micros devait tout changer. Parés de bonnettes en fourrure ou en mousse dernier cri à la technologie tenue secrète, ces consciencieux cotons-tiges allaient dorénavant permettre de prélever directement la vérité dans la bouche de ceux dont on attendait une parole sans faille, sans l'ombre d'un mensonge. Face à cette révolution de l'information qui avait fini par profiter des progrès de la police scientifique, la plupart des orateurs avaient préféré déserter les tribunes, soudainement effrayés par la personnalité de leur propre salive. Le monde avait pris un tour étonnamment silencieux. 

samedi 26 janvier 2013


Le froid ferait du bien aux tissus malades.
Le foie serait riche en protéines et en vitamines. 
La foi serait un baume pour l'esprit.

Me voilà requinquée. 

lundi 21 janvier 2013


Ciel verglaçant. Glissade jusque dans la bouche du métro. Belle dentition de carreaux de faïence biseautés. Dedans, les corps sont travaillés par des sucs. Si on prenait soin d'arracher chaque affiche publicitaire collée par une salive industrielle dans la station, on pourrait bien apercevoir une surface identique à celle d'une langue, rose et pourvue de papilles. Mais il faudrait du temps, des ongles spécialement conçus ou des outils à inventer, et qui, pour s'attarder à ça, pour s'attaquer aux strates, à toutes ces couches de campagnes. La mastication commence, les corps ne s'en aperçoivent pas, occupés à disparaître le plus vite possible dans le tunnel œsophage. Il y a le souffle de la réclame. L'haleine événementielle. Un parfum un peu trop sucré qui provient d'un panneau de l'autre côté du quai. Les partenaires indiqués sur le visuel sont, entre autres, une pâte à tartiner à la noisette et une marque de glace américaine. Des nourritures régressives et consolatrices pour "La 1ère nuit de la déprime". Une soirée de chansons tristes, de refrains nostalgiques, d'interprètes ad hoc et de lectures pas drôles. Tenue sombre conseillée est-il écrit. Programmée le 18 février. Le 14 était peut-être déjà pris. Visible aux Folies Bergère. Le théâtre de la Gaîté-Montparnasse était probablement occupé. 
La déprime élevée au rang de divertissement. Elle le mérite bien. La tristesse, le désespoir, la mélancolie pourraient remplir un Zénith, mais la déprime a le plafond plus bas. Une petite déprime, une grosse déprime, une bonne déprime... comme le stress, un produit de consommation courante qui devait bien un jour avoir son spectacle. 
Pensée rabat-joie ? Simple manière de résister aux mâchoires collectives qui déjà, dans le wagon, travaillent à rendre les corps plus digestes, plus soumis. Ou bêtement, banale histoire de goût. À la déprime, préférer la dépression comme une puissance bien plus grande que soi. Une héroïne intacte qui se produit chaque soir, sans sponsor ni cachet. 

samedi 19 janvier 2013


SNOW WHITE

Le doigt ganté 
Sur le pare-brise
Le blanc qui grise

FUCK sur le manteau
Sexe sur le capot
Prénom aimé

La neige urbaine
La belle aubaine
Sur les pavés

mardi 15 janvier 2013


AGENDA
Dimanche dernier, je n’étais ni robée aux Golden Globes ni rosée au Champ de Mars. Hier, j’ai déclaré forfait pour la première journée de l’Open d’Australie de tennis. Aujourd’hui, je ne me suis pas cramponnée à l'idée d'assister à la demi-finale de la Coupe de la Ligue de football entre Saint-Étienne et Lille, et n’avais pas le moindre désir non plus qu’on m’embarque à l’inauguration d’un espace musée à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle. Freinant rien qu’au mot Rallye de Monte-Carlo qui démarre demain, je n’ai donc pas eu jeudi à faire un numéro de prestidigitation pour disparaître à l’ouverture du Festival international de cirque, aussi en terre monégasque. Mais ce n’est pas pour cela que ce même jour mon maillot se distinguera à la présentation du départ du Tour de France 2014 à Leeds, en Angleterre. Vendredi, aucune probabilité pour que mon Corps & Esprit se perde dans les allées du salon Maison & Objet à Villepinte. Ceci étant dit, ma doublure ne se rendra pas à la remise des Prix Lumières du cinéma à la Gaîté Lyrique. Et que dire de samedi, quand mon chemin ne croisera pas l’inauguration de la nouvelle autoroute du sud de la France, l’A89, qui relie la région Rhône-Alpes à la façade Atlantique. Me chercher dans les tribunes de la Coupe d’Afrique des Nations de football en Afrique du Sud sera également vain (et j'ose ainsi parier sur la défection de deux des joueurs) et ma cambrure se défilera à l’ouverture du Salon international de la lingerie à Paris. Viendra dimanche, moment où je capitulerai derechef : sans moi le Capitole et l’investiture de Barack Obama.

dimanche 13 janvier 2013


Elle pleure toutes les larmes de son nez.
Elle rit à sourcil déployé. 
Elle embrasse à paupière que veux-tu. 

jeudi 10 janvier 2013



Au hasard du Net, cette petite fantaisie. "Seule pendant quinze jours. Peu à peu, je remplace toutes les photos dans la maison par des portraits de Matt Damon." Ce buffet, ce napperon, cette nature morte, ces cadres ne sont peut-être pas ceux d'une vraie vie mais la scène d'un faux quotidien blagueur. Qu'importe, l'idée de ce petit hold-up affectif agit sur moi. Il m'amène à imaginer un réel vacillant. En douceur. Des indices existaient, mais l'œil enlève aussi son veston de retour à la maison, harassé par sa journée. Il baisse la garde, quoi de plus normal. Pourtant, il y a bien un nouveau rond de serviette dans le tiroir, gravé d'un prénom composé qui fait le tour complet de l'anneau. Un prénom jamais prononcé. Il y a du tabac à pipe qui traîne à côté du courrier, mais toutes ces lettres administratives ankylosent la curiosité. Et puis, un livre écrit en norvégien s'est invité sur l'étagère du salon. Une petite couche de poussière habille déjà sa couverture. 
Et un jour, en s'asseyant à la table du dîner, un homme autre que celui qui allait si bien avec la crédence demande si l'on souhaite un petit verre de vin. N'avoir rien remarqué, le jurer. Ces discrets événements au cœur du foyer ont travaillé, c'est tout. Les bocaux d'épices ont tout vu. 

lundi 7 janvier 2013


Voici ce que m'inspire début janvier. Peut-être en ferais-je un calendrier. 
Devenir l'agent de sa propre propreté. Être autonettoyant. 
Un mois pourtant flambant neuf, que la gadoue des jours douteux n'a pas encore éclaboussé. Un mois lavé de tout soupçon, mais qu'on lustre quand même. Beau comme un camion, avec des roues qui brillent, un pare-brise irréprochable : tout ce qu'on se souhaite en somme en cette nouvelle année. 
Un "Moi" qui lave son "Ça".
Une réinitialisation nickel, même si le jet le plus puissant ne pourra jamais venir à bout de cette petite trace indélébile qu'on appelle famille, et qui en décembre a ajouté quelques nouvelles bavures. 
Astiquer tout ça, avant de se remettre à la "tache". Et ça roule. 

jeudi 3 janvier 2013


(résolutions) 

Résolue à être lue par le réseau. 
En résumé : 
Résolument résiduelle et zéro ? 

Résolue à résonner.
Réserve :
Est-ce raisonner ?

Résultat :
Se résigner à l'irrésolution.

mardi 1 janvier 2013


Et donc, tendre une main aimable vers 2013.


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