dimanche 31 mars 2013
Aujourd'hui, je pense à elles.
À toutes ces heures remerciées, congédiées, auxquelles a été signifié sans ménagement une fin de non-recevoir. Sont-elles réunies quelque part, dans un vortex horloger ? Vont-elles revenir un jour, pour créer une zone de temps inconnu, rétive à toute instrumentalisation ? Des heures totalement, farouchement libres. Je les attends. Et les embrasse.
vendredi 29 mars 2013
Pâques
Elle le faisait dans les salles de cinéma, quand le générique s'étirait comme un hiver et que les spectateurs commençaient à quitter leur fauteuil en ayant à la bouche leur premier commentaire. Elle le faisait dans les cabines d'essayage en emportant toujours le maximum d'articles (sept, je crois) pour persuader le personnel de vente comme les autres clients dont elle percevait l'impatience dans son dos, qu'elle en aurait pour un petit bout de temps. Elle le faisait après avoir fumé, avant, pendant qu'elle urinait dans les toilettes d'un café, au moment où elle s'apprêtait à faire autre chose et n'y parvenait pas, s'en voulant chaque fois à l'idée de faire attendre cette chose, déjà docile et résignée, suspendue. Elle le faisait après l'amour et c'était un moment assez délicat, et la raison pour laquelle, peut-être, l'intimité avec un autre corps avait peu à peu cessé de l'intéresser. Elle le faisait dans les librairies, se dirigeant pleine d'aplomb vers un rayonnage, feuilletant trois ouvrages, jamais plus, avec l'air absorbé de celui qui sait pourquoi il a jeté son dévolu sur les auteurs d'Amérique latine.
Elle écalait des œufs. Quand la coquille friable s'abandonnait dans sa main, c'était chaque fois une victoire. Elle ne savait pas pourquoi. Elle ne les mangeait pas. Les corps blancs et oblongs, sans aucun accroc, sans la trace d'un ongle entamant la surface (car elle avait développé une dextérité unique à force de manipulations), elle les déposait au hasard de l'endroit où elle se trouvait, avant de s'éclipser définitivement, ne revenant jamais deux fois sur le même lieu. Laissant à ceux qui trouvaient l'œuf à nu, réticents à l'idée de toucher cette chair éburnéenne, une responsabilité inattendue.
mercredi 27 mars 2013
Ceci est un clin d'œil à Ned Flanders, voisin cul-bénit des Simpsons, et à la jouissive traduction française, fort inspirée.
Dans l'épisode 2 de la saison 21, Ned s'exclame en commandant un muffin :
" Un muff' aux airelles
Pour un réel sans meuf !"
Variations vaguement alimentaires :
"Un macaron chez Bettencourt
Pour être marron à la cour"
"Une mousse au chocolat
pour une louche de cloaca"
"Une eau minérale
Pour un moral annihilé"
"Un ouzo à Chypre
Pour choir en zone euro "
"Un porc au caramel
Pour une Europe qui se gamelle"
"Une poire belle Hélène
Pour boire à perdre haleine"
Dans l'épisode 2 de la saison 21, Ned s'exclame en commandant un muffin :
" Un muff' aux airelles
Pour un réel sans meuf !"
Variations vaguement alimentaires :
"Un macaron chez Bettencourt
Pour être marron à la cour"
"Une mousse au chocolat
pour une louche de cloaca"
"Une eau minérale
Pour un moral annihilé"
"Un ouzo à Chypre
Pour choir en zone euro "
"Un porc au caramel
Pour une Europe qui se gamelle"
"Une poire belle Hélène
Pour boire à perdre haleine"
dimanche 24 mars 2013
Passer un week-end de ski à La Clusaz et rien qu'en formant cette phrase, sentir qu'on pourrait pulvériser son score au Scrabble. Assister, face à la montagne, à un jeu de société aux règles obscures. Ne pas parvenir à faire coïncider le plaisir de la glisse, la liberté du mouvement avec les silhouettes empesées, les pieds de plastique et d'acier, les longs bras articulés. Ne plus voir ni les corps ni les visages derrière toutes ces couches d'équipement et se dire que cela est suspect, que cela cache quelque chose : par exemple, des spécimens d'enfants tatoués. Être ici comme dans un hôtel où seraient descendus tous les participants d'un congrès scientifique pointu, bourré d'experts parlant la même langue, la nôtre, pourtant soudainement étrangère. Écouter les conversations autour du saut, de la figure et de son corollaire, la chute. Ne jamais apercevoir, surgi d'une combinaison multi-poches, un livre. Blanchir son temps. Dévaler la pente. Profiter de son forfait.
mercredi 20 mars 2013
lundi 18 mars 2013
Je les aperçois à chaque visite, dans les jardins, longer les côtes, divertir les ronds-points. Leur incongruité m'émeut sous le crachin. Ceux qui s'épanouissent en Méditerranée me font un effet différent, assorti à la langueur de l'air, très probablement.
Pourquoi sont-ils là ? Par quel miracle, par quel microclimat ? J'apprends que lors de la campagne militaire d'Égypte menée de 1798 à 1801 par le Général Napoléon Bonaparte pour s'emparer de l'Orient, se trouvaient des bataillons d'hommes venus des Côtes d'Armor. Des scientifiques et botanistes prenaient également part à l'expédition pour découvrir et ramener les richesses du Nil. Ces plantes sont peut-être un souvenir d'Égypte.
Lorsque Napoléon devient Empereur, c'est encore sous son règne que le titre honorifique des Palmes académiques est créé en 1808.
D'une décoration l'autre, je pense aux Palmes d'or cannoises, issues de l'emblème de la ville. Le sud fait encore de l'ombre à l'audace armoricaine. Car en Bretagne, le palmier est bien cette récompense ultime qui célèbre chaque apparition du soleil, si convoité.
(Remerciements chaleureux à Brigit Ber qui a réalisé cette photographie)
mardi 12 mars 2013
dimanche 10 mars 2013
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