lundi 27 janvier 2014


Je voulais juste gratter la semelle de ma chaussure contre l'arête du trottoir pour la débarrasser d'un corps collant, et puis je me suis retrouvée emportée par le mouvement de la rue, parmi d'autres, réunis-là pour... pour quoi au juste ? Dire non au descellement des bordures de voiries, oui à un président fait en 3D, et bof à la vente des aliments déshydratés pour animaux de compagnie nichés à côté des conserves de sardines dans les supérettes de quartier ? J'avais entendu dire que les manifestations s'abordaient désormais en mêlant des doléances diverses, que les organisateurs et la police étaient perdus sur le nombre de cortèges présents, le profil des publics et la nature de leurs revendications. Dans la foule, j'ai dû croiser des végétaliens, des postillonneurs, des cruciverbistes, des myopes, des origamistes, des ambidextres, des fans de musique country, des traumatisés crâniens, des trilingues, des intolérants au lactose, des imberbes, des connectés anonymes et repentants. Les gens ne marchaient pas tous dans la même direction. Certains ne quittaient même pas leur véhicule, klaxonnant pour protester. Tout cela n'avait aucun sens. Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'il s'agissait d'une ville et de son fonctionnement. 

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