mercredi 12 février 2014


C'était facile. Il me suffisait de passer le doigt sur la première surface prête à me tendre les bras. Au hasard : un mur fraîchement tagué de la mention Vive ton vagin, le hublot d'une machine dans une laverie de quartier, la porte des toilettes d'un restaurant végétarien, le banc d'un parc fréquenté par des pigeons trop nourris, le zinc d'un comptoir à proximité de l'Assemblée Nationale, tous les écrans de smartphones à ma portée, la vitrine d'une pharmacie, la pyramide d'oranges sur l'étal d'un marché, le pare-brise d'un utilitaire à l'arrêt, la façade de la tour la plus basse de la Défense, le cou d'une femme de cinquante ans sous Terracotta, la joue d'un bébé hurlant dans sa poussette, la barbe d'un jeune homme sortant d'un bar à vin. Et mon doigt riche de ces matières magiques, comme une peinture de guérilla : plus qu'à l'appliquer sur mes pommettes pour affronter le monde dans son entier. 

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