vendredi 28 février 2014


Février, 
Tu t'étonneras peut-être de ce que je t'appelle ainsi, sans épithète attachant, sans autre forme de procès. Cette lettre démarre trop sèchement à ton goût ? Considère que c'est un avantage certain, alors qu'on aimerait tellement mettre au point pour toi un gigantesque absorbeur d'humidité. 
Il est vrai que j'ai pu parfois t'appeler Fév', dans les bons jours, mais les éclaircies et les ciels bleus sont si rares avec toi. M'amusant aussi de la pertinence de ce diminutif, proche de la légumineuse. Comme elle, il faut d'abord te débarrasser de ta gousse (un duvet d'oie, une fourrure, une peau d'hiver en tout cas), avant de découvrir ta graine dont l'enveloppe, épaisse aussi, ne se mange pas. Tu en caches une autre, certes plus petite et savoureuse, mais quelle épreuve pour en atteindre le cœur ! C'est tout toi. Bref, je préfère désormais m'en tenir à ton nom officiel. 
Il y a autre chose aussi, je dois bien te le dire, qui me tracasse avec toi. Comment se fier à un mois capable de changer ainsi de nombre de jours, selon les années ? Non, non, non, je ne m'y fais pas. Ce vingt-neuvième absent plane au-dessus de toi, tel un mauvais présage ou un revenant. Tout cela me fait froid dans le dos, et tu sais mieux que personne combien le manque de chaleur tourmente et abat. 
Mais voilà mars qui arrive ! Je te laisse, tu comprendras. 

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