vendredi 31 octobre 2014


Fin de mois


D'octobre 
ne reste que l'idée
à même la boîte furent 
grignotées les heures rousses
n'était l'œuf tombé à côté 
du festin des jours.

mardi 28 octobre 2014


Le blanchisseur et l'amant

le perron d'un hôtel 
un camion stationné
gueule béante de coton
un chariot vacillant
et la pile de linge blanc
sur le sol déversée

une chambre sans vue
un couloir moquetté
un grand lit d'amidon
et le couple si raide
se pique de langueur
à même l'édredon

et dans le même moment
en des lieux différents
observant leur forfait
les voilà qui s'exclament 
Nous sommes dans de beaux draps

dimanche 26 octobre 2014


La chevelure


Cet étal capillaire
bien loin de baudelaire
pourtant m'attire
danse du scalp
boucles égorgées
votre fichu Madame
est mon trophée. 

vendredi 24 octobre 2014


Gueule de bois 

Je bois à la paille 
des objets liquides 
aux degrés élevés
et le lendemain
une poutre aïe
vient cogner
mon crâne 
une écharde 
si pénible
à enlever

mercredi 22 octobre 2014


Une seule lettre vous manque 
une autre est retrouvée

Subir - Sabir 
Humidité - Humilité
Calvaire - Calcaire
Mort - Sort - Port 
Vie - Vil - Vin
Venir - Tenir
Maison - Raison - Saison 
Bouche - Louche - Touche - Mouche - Douche - Souche - Couche
Engager - Enrager
Voler - Voter
Aimer - Aider
Royal - Loyal
Avide - Aride - Acide 
Pouvoir - Mouvoir
Assouvi - Assoupi 
Bite - Bile - Bide - 
Fureur - Fumeur 

Ennui - Enfui !

lundi 20 octobre 2014


Céder le langage 

Ces temps-ci, les mots tournent autour du point. 
Quelle direction prendront-ils ? 
Vers la déchetterie ? 
Vers l'autoroute de l'information ? 
Vers le cœur d'une ville encore inconnue ? 
Vers un centre commercial ? 
Certains, dans le flux, se sont perdus. 

vendredi 17 octobre 2014


À force de se contenir

Dans mon sac en péritoine 
je range mes doigts
rien pour ouvrir rien pour embellir rien pour relier

Dans ma caisse de vanité
je dépose les armes
rien pour masquer rien pour tromper rien pour refléter

Et dans ma gourde avide  
je verse ma soif
rien pour étourdir rien pour étancher rien pour oublier

mercredi 15 octobre 2014


Des gouttes et... (fin de saison)

Elle est là ! Bruine. Crachin. Ou flotte. Mais voilà. Ce n'est plus l'élixir attendu. Je reste imperméable à sa plasticité. Imagination à sec. Débit zéro. Il me faudrait une grande flaque pour me remettre en place les idées. 

dimanche 12 octobre 2014


Sécheresse matinale (épisode 4)

J'ouvre et je ferme des fenêtres internet, et que je le veuille ou non, elles donnent sur le ciel, qui ne m'obéit pas. Pas la moindre goutte. Pas le moindre doute. Je sors pour traquer un nuage. 

vendredi 10 octobre 2014


La danse de la pluie (épisode 3)

Je l'avais en ligne, depuis un lointain centre d'appel, et je voulais que ce soit lui qui morde à l'hameçon. Je lui ai demandé si, au lieu de ses volets roulants dont je n'avais, hélas, aucun besoin, il ne pouvait pas plutôt me vendre un peu de liquide céleste (1er mot de ma liste). De pluie, si vous préférez. J'avais imaginé une semaine nourrie d'averses, et souhaitais transformer ces impedimenta (2e mot) en prétextes à de nouvelles occupations ; au lieu de quoi, il faisait presque beau, c'était frustrant. J'avais des arguments pour rapprocher volets roulants et temps pluvieux : n'avait-on pas affaire à deux choses pareillement verticales, qui tombaient en rideau, et avaient une sacrée tendance à faire baisser la luminosité ? Il était étrangement muet au bout du combiné. Quand j'ai commencé à lui parler d'urée et de créatinine (3e et 4e mots), et de ce petit challenge personnel que je m'étais fixée concernant ma vessie, il a raccroché. 

mercredi 8 octobre 2014


Travaux pratiques pluvieux (épisode 2)

Le pamphlet pizzas s'avère être une entreprise beaucoup plus ambitieuse que je ne l'avais imaginée. J'ai sous-estimé le pepperoni. Plus j'y pense, plus il m'apparaît qu'il s'agit d'un travail de longue haleine (oignon/gorgonzola) pour lequel un épisode de pluie ne suffirait pas. Je dois revoir mon agenda. La pizza n'est que la garniture d'un menu socio-idéologique bien plus vaste et profond qu'un four à pain. 
Le comptage des confettis est une chose faite, le chiffre m'échappe déjà, qui n'a d'ailleurs aucune importance. J'ai tiré néanmoins quelques enseignements de cette séance : si vous utilisez vos doigts et leur pulpe humide, les petits ronds de fête risquent de coller entre eux, et l'erreur se glissera, en en déplaçant par mégarde deux ou trois. Munissez-vous de la pointe d'un couteau pour les faire glisser un à un dans le camp des dénombrés, et voici le disque plat possiblement sectionné. Comment considérer alors les parties obtenues ? Comme autant de nouveaux éléments ? 
Vous soupirez tant l'exercice est vain ? Voilà le tas qui s'envole…  

lundi 6 octobre 2014


Aquaplaning planning (épisode 1)

La semaine s'annonce pluvieuse. Par conséquent, je multiplierai les activités indoor. Écrire un pamphlet sur les pizzas. Compter les confettis d'un sachet. Attendre le dernier moment avant de soulager ma vessie pleine comme une outre comme si le prochain lieu d'aisance était si loin et si désiré. Sourire à un moucheron. Passer le web au peigne fin. Éterniser un rêve. Lire toutes les notices de médicaments. Noter sur une feuille 20 mots que je n'utilise jamais puis essayer de les placer avec aisance dans la conversation que je ne manquerai pas d'avoir avec le prochain vendeur de quelque chose qui m'appellera. Ouvrir un tiroir. Imaginer un voyage en relevant le nom de tous les endroits où ont été fabriqués les aliments de mes petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner grâce aux indications de leurs emballages portés sur un site de cartographie en ligne. Classer les livres selon leur poids exact, du plus maigre au plus pesant. Faire un blog.