samedi 29 novembre 2014


Dance routine

J'aurais préféré que l'épisode de paramnésie qui s'est manifestée aujourd'hui se porte sur autre chose que ma présence dans une boulangerie, enserrée entre un enfant avide de sucreries et une grand-mère au cabas louche, et qu'au moment de commander, je change brusquement d'avis, me rabattant sur un pain de mie tranché. Ceci est bien trop ordinaire pour être assimilé à une sensation de déjà-vu. C'est sans compter - et je tiens à les remercier - ma robe fourreau et mes talons vertigineux, qui ont fait tout le sel de cet instant.

dimanche 23 novembre 2014




 Rien que le gris de l'allée
contre la pelouse rase
contre l'écorce du vieux tronc
la peur est déjà dans le salon.

jeudi 20 novembre 2014


Petits abandons 

Laisser mûrir les bananes
et voir pourrir la relation
perdre le fil à découper
poser la liste dans un rayon
égarer le chien en chemin
tasser les lettres tout au fond
attendre la mort du caprice
ignorer que le mal existe
toujours se garder de trancher
préférer procrastartiner.

mardi 18 novembre 2014


Wanted

À l’heure dite, le livreur «me remet un sachet en plastique "passe-partout" (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l’argent en numéraire entouré de papier journal.»*

Je cherche partout ce sac en plastique "passe-partout" siglé Dior. Ce bijou d'absurdité, cette pépite dans le texte. J'en trouve bien un dans la section accessoires & bagagerie, vendu dans le département de Seine-Saint-Denis, sur un fameux site d'annonces entre particuliers, mis en ligne le 03/11/2014. Très bon état jamais servi. Un original, car la contrefaçon est punie par la loi, ce qui ferait beaucoup. 25 €. Seul hic : il est transparent. 

* dans Libération du jour, Dassault, la main dans le cash.

samedi 15 novembre 2014


La coupe est pleine, 
le couple peine

Les époux dans la tête
cherchent la petite bête
Les chéris fais moi peur
se déchirent le coeur
Les conjoints de cul las
vont ailleurs à la chasse 
Les amants sur son âge
ne veulent pas d'outrage

mercredi 12 novembre 2014


Hygiène du corps et de l'esprit

Cette nuit, organisée autour de l'arène du rêve, j'ai prononcé un mot, un nom plutôt, d'une voix qui m'a éveillée. Cela m'arrive très rarement. Je me suis entendue dire "Ésope". Clairement. Distinctement. Le contexte onirique de cette saillie verbale m'échappe totalement à présent. Une seule chose. Hier, en me rendant dans le lieu d'aisance d'un appartement ami, j'ai vu sur le rebord de la baignoire de petites fioles portant le nom d'une marque très courue actuellement et je m'étonnais de les trouver là où j'étais. Aesop. Depuis le siège des toilettes, j'ai dit à haute voix et à deux reprises la marque de ces produits, pour héler et taquiner mon hôte sur la raison de ce raffinement de bain super cher/supercherie. Sur le moment, je n'ai pas fait le lien avec le nom d'un écrivain grec, inventeur de la fable. Pourquoi l'aurais-je fait ? 
Mais c'est bien lui que j'ai appelé en pleine nuit. C'est bien le fabuliste que j'ai voulu à mon chevet. 

dimanche 9 novembre 2014


Le mur

J'ai déplacé le canapé. Retrouvé dessous des morceaux étranges. 
De la nourriture ancienne. Une carte postale venue d'Allemagne. 
Des allumettes. Un vieux pain de savon. Du savon ?! La bibliothèque, je la laisse en l'état. Les livres seront debout. Fiers et debout. Regardant avec moi l'événement se produire. Le pan de mur est maintenant en partie nu. 
En prenant mon élan, pour que ma force soit optimale, j'ai cassé la lampe qui se tenait sur la table un peu en retrait. Pas suffisamment cependant. Tant pis. Je ramasserai les bouts de verre plus tard. Le premier coup de masse a directement entamé la cloison. J'ai entendu le voisin hurler. Malgré sa protestation, j'ai porté un deuxième coup. Je voyais déjà de l'autre côté. Il est venu sonner, j'ai ouvert en souriant. Pas lui. Nous ne sommes vraiment pas près pour la réunification. 

samedi 8 novembre 2014


Ne rien faire d'autre qu'occuper cet espace avec les morceaux d'alphabet latin que j'emboîte comme je peux, je crache dans mes mains et j'empoigne les petite formes têtues, toutes celles qui me tombent sous la main je les veux bien, je suis un bâtisseur de riens aux prises avec un jeu de construction, et au fur et à mesure que les lignes s'empilent, la chute de Rome, des mots qui s'éboulent, de petites ruines en devenir, bientôt des vestiges que je redécouvrirai en touriste, en pensant déjà à la prochaine expédition, à la prochaine halte, à la prochaine photo qui permettra de rendre plus désirable cet écroulement-là.

vendredi 7 novembre 2014



Partialisme : États Généraux X
aujourd'hui : la délicieuse hyperhidrose axillaire



mercredi 5 novembre 2014


Et la ville en son temps 

Le stationnement sans gluten
Le trottoir à la barbe taillée
La lumière en couple dans le 10e
Le métro nature 
Les sanisettes collection capsule
La piste cyclable cloud
Le commerce de quartier on line
Le fond de l'airbnb

samedi 1 novembre 2014


Gisant sur le pavé, sans tête, sans fête, j'ai adopté le masque délaissé. Pas assez peur, pas assez sang, pas assez faux, pas assez héros, pas assez plastique. Latex ou visage grimé, sinon rien. Je le sens pourtant bricolé dans la joie et boudé par pudeur. Halo wins.