lundi 2 février 2015


Couvertures maladie  

Il y a des frayeurs de saison. J'en connais une liée au grand froid, qui me fait toujours appréhender la fréquentation de la salle d'attente d'un médecin. Ce lieu à part. Où les magazines ont des années de retard. Cela me frappe toujours après être entrée en sonnant. Cette information d'un autre âge, cette actualité qui ne l'est plus : et si le temps s'est arrêté dans cet espace lymphatique, comment puis-je croire en y pénétrant au progrès de la médecine ? Mais ce n'est pas une maison de la presse. Ce n'est certainement pas non plus une boutique de déco. Les murs n'ont jamais connu que des visions de marine où je vois le naufrage de la peinture, mais la banquette en rotin sur laquelle trône un coussin souffreteux a le bon goût de tourner le dos aux panneaux de sensibilisation et de prévention qui élèvent encore le niveau d'hypocondrie ambiant. Je pense à une chambre accueillant des amants et et qui serait couverte d'affiches de dépistage. Ce n'est pas non plus une crèche. Un jouet à demi désossé attend contre la plinthe, et dans la pile de vieilles revues, un ou deux livres pour enfants plaisent surtout aux lecteurs les plus âgés, qui constituent le gros de la patientèle. Il y a une plante. Entre la vie et l'hésitation. Chaque centimètre de ce non-lieu respire mal, et l'arrivée du docteur qui m'en délivrera a déjà l'étoffe d'un sauveur. 

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