vendredi 30 janvier 2015


Janus, 
Oui, mois de janvier, je t'appelle ainsi, puisque ton nom vient de ce dieu romain, celui des commencements et des fins, des passages et des portes, un dieu doté de deux visages, face vers l'avenir, pile vers le passé. Eh bien, je ne suis pas mécontente de te voir bientôt t'en aller. Tu as dû devenir frileux avec le temps, bloqué que tu es dans ce sas de 31 jours où le froid se fait plus mordant et pour te protéger, l'idée de porter un bonnet t'a traversé l'esprit, mais quelle connerie, car dans ton cas, vois-tu, c'était en partie t'aveugler. Un de tes visages laissé dans l'obscurité, celui de l'Histoire, l'autre déboussolé, ce contemporain ignorant, livré à lui-même. Tu t'es scindé en deux, perdant tout de ta divinité. Tu ne fus plus que le mois des fins et des portes fermées, enfoncées, fracturées. Je ne te cache pas non plus que prononcer le petit nom dont je t'ai affublé a valeur d'exutoire. Janus. Janus. Janus. Oui, tu fus désespérément merdique. 

mardi 27 janvier 2015


Hiver. Un homme vêtu d'un manteau de belle facture sirote au comptoir un petit serré, absorbé par la lecture d'un quotidien. Je prends place devant le zinc. Je remarque un chien posté en bas de son tabouret et mes yeux croisent alors ses pieds nus. L'homme porte des tongs. La présence canine et poilue au niveau inférieur lui offre-t-elle la chaleur nécessaire pour vivre ainsi le pied à l'air ? Quel est son secret ? A-t-il trotté ainsi à la grande marche républicaine ? J'interroge le chien du regard. J'essaie de lire de loin dans le marc. J'inspecte les lieux d'aisance. Aucune trace de boots de créateur taille 43, laissées comme à la maison, chaussettes italiennes tire-bouchonnées en embauchoirs. Je cherche des yeux un podologue dans la salle. Rien ne me renseigne sur ce pied dénudé, qui pique ma curiosité. Une épine dans l'œil. Cet homme, qui à aucun moment ne me prête attention, sait-il seulement que d'autres souffrent de précarité énergétique ? Le pied qu'il arbore comme un accessoire me semble un luxe, je voudrais lui souffler d'aller vivre ailleurs que dans l'espace public son intime confession fétiche. Mais que dis-je ? Je mélange toute en ce début d'année. Je me ressaisis. Et je l'admets : rien ne compte plus que la liberté de pression de sa voûte plantaire. 

dimanche 25 janvier 2015


Partialisme : États généraux XI
Aujourd'hui : le profil gauche, immodérément 


jeudi 22 janvier 2015


Jour squelette 

Je frôle l'arête de la table, me munis d'un pépin pour m'en aller rejoindre le noyau dur de la bande, je m'arrête devant la colonne d'ascenseur, j'anticipe les échanges qui m'attendent au dehors, sur le suc de la vie, le nerf de la guerre, le grain de sel de chacun, mais la cage se bloque alors que je suis dans le corps de l'engin, petit os dans le fécond quotidien. 

mercredi 21 janvier 2015


Regarder les murs peints de foules en rut des salles de garde d'hôpitaux, peut-être promis à un définitif coup de blanc... Liberté résignée lève le camp. Penser pourtant défouloirs symboliques. Dans les lieux publics ou dans les bureaux, dans les galeries marchandes ou dans les bouches du métro, dans les restaurants ou les centres de thalasso, dans les musées ou chez les psys, voir fleurir quelques mètres carrés de pure contradiction, un autel de l'outrance, une zone sans filtre. Rien de virtuel et de vu sur internet, mais un vrai espace à éprouver. Et puis l'avoir chez soi aussi. Déblayer un cagibi, le transformer en une cabine d'essayage de la déraison. Y consacrer juste un peu de temps, comme on se lave les dents.

mardi 20 janvier 2015


Le sourire impromptu et la bouche étonnée 
lui ouvre grand la voie. 
La joue a tiraillé avant de s'assouplir 
pour se rendre avec joie.
Un esprit déserteur convoque les organes  
réunit les membranes.
Un corps défendant en sa peau revenu
vers eux veut se mouvoir.

lundi 19 janvier 2015

Moodboard


Lueur engloutie
 Cage de janvier
J'enlève l'albédo
Je garde le manteau
La pulpe hiberne
  

vendredi 16 janvier 2015


Mes doigts sont en faction devant moi
Mes yeux me braquent
Ma peau a mon empreinte
Mes pieds me filent
Mes cheveux savent tout
Mes paupières sont lourdes
Mais ma paume flique mon poing
Mais ma gorge dégaine mon rire
Mais ma chaleur m'humanise