jeudi 26 février 2015


Partialisme : États généraux XII
aujourd'hui : toi, fascinant fondement


mercredi 25 février 2015


L'amour en primes

Il est arrivé
Je l'ai accueilli d'un golden hello 
Je lui ai trouvé
un bonus un petit plus 
Nous avions des jeux
Je l'affublais de menottes dorées
Il a voulu partir
J'ai haï son parachute doré
Il a tenté de revenir
J'ai battu en retraite chapeau

lundi 23 février 2015


Ce bouquet d'anémones 
qui égaie la vision
commence à m'intriguer.
Les tiges ont laissé place à de grands filaments
les pétales ont muté en d'étranges polypes.
Je n'avais rien contre la fleur sans odeur
je m'habitue moins bien au tentacule urticant. 
Et leur besoin en eau est tel que j'ai dû creuser 
un bassin à même le salon pour leur épanouissement.
Ton attention première s'est faite inconvénient 
alors à l'avenir fais le choix de m'offrir
une brassée de pensées. Simplement.

mercredi 18 février 2015


À quoi sert l'insomnie ?
À identifier les points d'appui de son corps et les zones de faiblesse de son esprit quand rien ne les sollicite encore, qui cherchent à fixer l'attention du matelas, à revenir au somme, à hypnotiser le lit, au lieu de quoi déboulent des pensées à l'état allongé, jusque-là patientes dans leurs starting-blocks, elles s'élancent en un flux différent, sans hiérarchie, on les sent, elles se cognent aux parois de la peau, leur nature difficile à apprivoiser, agglomérat de listes incongrues, d'avis définitifs à durée limitée, de peurs lointainement soudaines, elles font macérer la nuit, ce drôle de jus, tiens, boire un verre, se lever, un verre de lait, il n'y en a plus, un verre d'alcool alors pour étourdir l'ennui ou l'ennemi, mais pas envie, pisser peut-être, évacuer avec la miction nocturne ces pensées lévriers, mais le jet n'est pas assez puissant pour nettoyer tout au fond de la tête, revenir à la chaleur solitaire du drap, ouvrir l'écran et presque immédiatement fermer les yeux, se dire que ça y est, on y est, mais c'est mal connaître le leurre virtuel, réellement le sommeil n'est toujours pas là, et en s'enfonçant ainsi dans cet entre-deux se dire que le pieu porte bien son nom. Ça sert au moins à ça. 

lundi 16 février 2015


Nuthouse

Défunte pâte à tartiner
ton brun gadoue
le monde s'éveille le doigt dedans
ton pot terreux contre le fer des journées
mon remords pour cent grammes 
quelques tweets pauvres drames
tout s'étale se répand
comme ton nom rouge sang

vendredi 13 février 2015


Acheter une grille de jeu de hasard.
Commencer par bouder le 22, se demander pourquoi, au nom de quel principe, élire le 12, presque cocher le 5 mais lorgner vers le 4, vouloir qu'existent deux 38, cinq 16, faillir se décider pour le 27 et puis se laisser assaillir par une vision venue de Haute-Normandie, prendre tout son temps avant de délaisser le 8 et sa gueule de sablier, peser le pour et le contre entre le 6 et le 9, ne pas croire que des gens arrivent à s'amouracher du 45, être toujours un peu mal à l'aise devant la raide omnipotence du 1, sentir physiquement la pression exercée par le 2, là, sur les épaules, par deux mains invisibles, regarder d'un œil nouveau le 35 dont on avait même oublié l'allure et la présence dans ce monde, ne rien vouloir miser sur le 15.
Rater le moment de faire valider sa grille. 

jeudi 12 février 2015


La phrase s'était retournée  
sans pouvoir toutefois rebrousser chemin 
sans pouvoir revenir à la ligne plus haut
mais elle venait de croiser ce mot 
s'était alors arrêtée hélant ses voyelles hello ses consonnes
adjectif ou verbe savait-elle seulement s'il allait la concerner
la structurer, la qualifier, l'enjoliver ou l'empeser
elle le voyait bien l'accompagner de ses syllabes
histoire de retarder un peu, juste un peu, la venue du point final. 

lundi 9 février 2015



Le ciel était fait de laitance. D'un blanc duveteux, onctueux et fécond. Pas trace d'avion dans cette épaisseur molle et inoffensive, pas d'aiguille piquant la surface, pas de couture, pas de balafre. L'œil enfin apaisé pouvait vaquer à autre chose, et même le son se faisait plus discret. Circulait-il en chaussons fourrés ? Ça soulageait l'oreille en tout cas. Un bain sensoriel, un baume d'ânesse, un onguent que ce ciel-là. Quand la journée s'annonçait ainsi, c'était mieux qu'un soulagement. 
Et puis non.
C'était quoi ce bâillon domestique, ce torchon humide, cette surface caillée, cette peau ridicule, cet opercule blafard dont le seul intérêt était tout entier dans le moment de son retrait pour enfin laisser place à la chose désirée : un ciel franc du collier. Une ouverture, une possible solution, l'échappatoire nécessaire. Un couvercle pareil donnait envie de se recoucher, de compter les nuages invisibles en pétrissant son drap. Le regard serait en berne pour les heures à venir, et qu'est-ce qu'elles duraient alors, ces garces, car dans ce cas de figure céleste, on ne voyait même pas le soleil se coucher.

samedi 7 février 2015


Au supermarché, une femme tient une feuille A4 dont la partie visible montre un fond noir lettrage blanc et gris Je suis Charlie. Sa liste de courses est au dos de ce qui est donc devenu pour elle un papier comme un autre à recycler. Next. Du 7 janvier au 7 février, ou du moi suivant au mois suivant. 

mercredi 4 février 2015


Tooth/paste

l'email de mes dents
clavier blanc touches carrées
bouche envoie, bouche reçoit
accepte les cookies 
langue pièce jointe
boite salivaire pleine
vider le contenu
lèvres mot de passe 
hasard de l'azerty

lundi 2 février 2015


Couvertures maladie  

Il y a des frayeurs de saison. J'en connais une liée au grand froid, qui me fait toujours appréhender la fréquentation de la salle d'attente d'un médecin. Ce lieu à part. Où les magazines ont des années de retard. Cela me frappe toujours après être entrée en sonnant. Cette information d'un autre âge, cette actualité qui ne l'est plus : et si le temps s'est arrêté dans cet espace lymphatique, comment puis-je croire en y pénétrant au progrès de la médecine ? Mais ce n'est pas une maison de la presse. Ce n'est certainement pas non plus une boutique de déco. Les murs n'ont jamais connu que des visions de marine où je vois le naufrage de la peinture, mais la banquette en rotin sur laquelle trône un coussin souffreteux a le bon goût de tourner le dos aux panneaux de sensibilisation et de prévention qui élèvent encore le niveau d'hypocondrie ambiant. Je pense à une chambre accueillant des amants et et qui serait couverte d'affiches de dépistage. Ce n'est pas non plus une crèche. Un jouet à demi désossé attend contre la plinthe, et dans la pile de vieilles revues, un ou deux livres pour enfants plaisent surtout aux lecteurs les plus âgés, qui constituent le gros de la patientèle. Il y a une plante. Entre la vie et l'hésitation. Chaque centimètre de ce non-lieu respire mal, et l'arrivée du docteur qui m'en délivrera a déjà l'étoffe d'un sauveur.