mardi 26 janvier 2016

samedi 23 janvier 2016


Karma Kapla

Tenir des deux mains le baril auquel on aura pris soin d'ôter son couvercle.
Le retourner d'un geste clair, cul par-dessus tête, crème renversée.
Entendre alors les planchettes de bois se répandre, de préférence sur un parquet.
Bruit torrentiel, crépitement frénétique, pluie de discorde, nuisance Byzance.
Sur le sol, considérer ce tas rétif, désordonné, sarments d'inconstructibilité.
Allonger le baril, la gueule ouverte face à l'événement. 
D'une main balai, réenfourner tous les éléments.
Recommencer autant de fois qu'il le faut. 
L'esprit devrait se clarifier.

jeudi 21 janvier 2016


Trou d'ivresse

Non loin d'une colonne à verre, ce colossal cyclope urbain qui récupère les flacons domestiques, trois bouteilles de Ballantine's à l'ossature carrée n'ont pas rejoint le trou du remords, quand la main approche la noire découpe de plastique pour y glisser la honte bue. Rideau opaque et rigide, dont la texture épaisse semble identique à celle des entrées de peep-show, d'abattoirs ou d'expositions d'art contemporain ; lieux où s'écoulent des visions protégées des regards. Cette béance sombre, sphérique et cisaillée, m'évoque soudain un anus démesuré à la périphérie duquel les restes d'alcooliers préfèrent se tenir, craintifs. L'énigme des amoncellements chroniques de verre autour de cet engin s'éclaire. Aujourd'hui, le tas n'est que trio, plus visible dans son économie, et surtout son assemblage m'étonne. Il ressemble à ces pierres qu'on empile, le long des sentiers. J'assiste peut-être à la formation du cairn d'un buveur, érigé là en signe de respect et de célébration.  

mardi 19 janvier 2016


"Mon livre se fait et, en se faisant, il fait sous lui un sac de peau, pas très propre, qui s'appelle Michel Tournier. Voilà comment je vois la naissance d'un livre."

lundi 18 janvier 2016


Haro sur les doudounes

L'hiver punit le bout des doigts
Afflige le regard
Le froid complote
Trop de corps bibendum 
Stratégie de l'oignon
Lumière stalactite
Plantée sur les duvets 
Parka ton dernier souffle.

samedi 9 janvier 2016


J'avais laissé le baron de la drogue, El Chapo, le 12 juillet, s'évadant pour aller racheter la dette grecque. Naiveté ! Je le retrouve, non loin d'un multiplexe, rêvant de se voir à l'écran. Accro à son image.   

vendredi 8 janvier 2016


30, 40, 50 %

Je fais solde de tout ce que je raconte
Brade le vocabulaire 
Liquide les derniers articles
Et demain vous rase gratis.

jeudi 7 janvier 2016

mardi 5 janvier 2016


IIII

Pour le moment, nous prenons nos marques. À peine quelques déjeuners, quelques dîners, quelques transits. Une poignée d'aubes et de crépuscules partagés. Trop peu pour se faire une idée. Trop tôt pour former un scrupule. Cinq jours déjà. Cinq doigts de la main. Nous sommes bel et bien liés. Des instances supérieures ont même ajouté vingt-quatre heures, quelque part, en février, pour mieux sceller notre pacte de reconnaissance. Pourquoi pas en juin, je te le demande.